Immersion en Limousin
28 août 2019Je commence d’abord par une brève présentation de ma personne : Je suis Abbé Richard Namwaya OUEDRAOGO du diocèse de Ouahigouya. J’ai été ordonné prêtre pour le compte dudit diocèse le 1er Juillet 2006. Je suis présentement responsable diocésain du plan stratégique de pastorale et vicaire dans la paroisse Saint Joseph Artisan de Gourcy.
Pour cet été 2019, j’ai été envoyé en même temps que quatre autres prêtres du diocèse en mission de remplacement et de coopération dans ce diocèse de Limoges qui est jumelé à celle de Ouahigouya. Dès notre arrivée le 29 juin passé, nous avons été bien accueillis, d’abord par une délégation du comité diocésain de Jumelage qui est venue nous rencontrer à l’aéroport de Toulouse pour nous conduire à Limoges. Sur place nous avons été accueilli par l’évêque Monseigneur Pierre-Antoine BOZO, certains prêtres du diocèse dont le Vicaire Général et les autres membres du comité diocésain. Après le rite d’accueil, nous avons été envoyés chacun dans une paroisse pour notre immersion en territoire limousin.
Pour ma part j’ai été envoyé dans la paroisse Saint Jean-Paul II où j’ai séjourné pendant un mois (Juillet). Accueilli, le père Vincent POITAU et le séminariste Marie Debrice, le curé Père Nicolas SABLERY, étant absent pour des raisons de congés, j’ai été très vite inséré dans la réalité pastorale de la paroisse. De jour en jour et de façon générale, j’allais de découverte en découverte et le contraste avec ma réalité d’origine est assez grand et se situait à plusieurs :
- Au niveau des édifices religieux et de la pratique religieuse : en face des églises en béton qui accueillent chaque dimanche plusieurs centaines de croyants, je me suis retrouvé avec de magnifiques églises romanes ou gothiques construites avec des gros blocs de granite et qui accueillent pour le jour du Seigneur à peine une centaine de croyants d’un certain âge ; les jeunes, bien que nombreux dans la ville, brillent, pendant les eucharisties, par leur absence. Les célébrations eucharistiques comportent souvent des chants liturgiques cependant, ils manquent parfois de dynamisme et de joie. Elles sont bien chronométrées et beaucoup plus orientées pour le repos en Dieu des âmes des défunts (rarement elles portaient les vivants et leurs activités).
- Au niveau de l’organisation et de l’engagement des laïcs : j’ai constaté que les programmes pastoraux étaient bien élaborés avec des calendriers d’activités précises et programmées longtemps en avance. Les acteurs pastoraux (les laïcs engagés) malgré leur nombre réduit, leur grand âge ou leurs multiples occupations dans la vie civile, sont bien engagés et accomplissent leurs tâches avec dévouement, précision et grande joie. Ils ont conscience que se sont eux qui constituent l’Église et non les seuls pasteurs que sont les prêtres.
- Au niveau du clergé et de la collaboration pastorale : le constat que j’ai fait est que les prêtres habitant parfois seul dans leur presbytère. Ils sont peu nombreux et souvent avancés en âge. Cependant, malgré leur âge, ils sont bien engagés et dynamiques. Ils mènent une vie simple et ont une bonne collaboration non seulement avec les diacres permanents mais aussi avec les membres des différentes équipes œuvrant dans la pastorale.
- S’agissant de mon activité pastorale à Saint Jean-Paul II, elle a consisté beaucoup plus à assurer les messes quotidiennes et celles du dimanche. J’y ai découvert une communauté bien que petite assidue à la prière et ouverte à la fraternité. En effet, chaque matin, avec certains chrétiens nous faisions une heure d’oraison avant les laudes et la messe. Nous avions l’adoration eucharistique chaque mardi après la messe matinale, la récitation du chapelet et les confessions chaque samedi. Ce même jour, après la messe et avant le chapelet et la confession, les chrétiens qui le désirent sont invités à partager ensemble le café.
En sommes, je peux dire que cette expérience m’a beaucoup instruit : d’abord à travers tous ces agents pastoraux et ces auxiliaires en pastorale, j’ai découvert qu’il n’y a pas d’âge pour servir Dieu et ses frères en Église. Ensuite, j’ai vu que l’adage moaga qui nous enseigne que « une dent même si elle est seul, elle doit être blanche », est une réalité. En effet, j’ai été persuadé que quel que soit la taille de sa communauté chrétienne, on peut partout et toujours être témoin de la joie du Christ ressuscité. Enfin, cette expérience m’a conduit à me projeter dans le futur et à me poser des questions : Si tel est le cycle de la foi, saurions-nous, dans notre contexte du Burkina, faire face à une déchristianisation telle que la connaît la France « la fille ainée de l’Église » ? Comment dans notre contexte actuelle de jeunes Églises prévenir et/ou guérir un tel mal ?
Je ne saurai terminer mon partage d’expérience sans traduire ma profonde gratitude à Monseigneur Pierre-Antoine BOZO, ordinaire de ce diocèse et à l’ensemble de son presbyterium. Un merci sincère au curé de la paroisse Saint Jean-Paul II, au Père Vincent et au séminariste Marie DEBRICE ; puisse Dieu achever en lui ce qu’il a commencé. A l’ensemble des membres du comité de jumelage qu’il soit diocésain ou paroissial, je dis ma reconnaissance pour les moments de fraternité et de visites. Un merci particulier aux différentes familles et à toutes les personnes qui d’une manière ou d’une autre ont été à mes côtés pour m’accompagner, m’aider et m’ont accueillir à leur table. Merci, Barka ! Que Dieu bénisse et vous le rende au centuple.
Abbé Richard Namwaya OUEDRAOGO