Cohérence dans les actes
28 janvier 2013Mgr Kalist dans son dernier Editorial de "Eglise de Limoges" rappelle la "cohérence entre les principes que les chrétiens défendent et le témoignage qu'ils expriment."
Le dimanche 13 janvier 2013, beaucoup de catholiques ont participé à la « manif pour tous », en réponse au projet de loi que, parmi d'autres citoyens de convictions diverses, ils estiment néfaste pour l'avenir de la société. J'ai moi-même encouragé les catholiques du diocèse de Limoges à faire connaître leur opinion par les moyens qu'ils jugeraient les mieux adaptés, et je me réjouis qu'ils aient été nombreux à se manifester.
Le 13 janvier était aussi la journée mondiale du Migrant et du réfugié. Certains partisans du « mariage pour tous », comme certains détracteurs de notre Eglise n'ont pas manqué de remarquer que les catholiques étaient plus prompts à réagir, explicitement et massivement, sur certains sujets que sur d'autres, et qu'il y aurait à se mobiliser avec la même énergie sur bien des questions de société tout aussi urgentes.
Sans remettre en cause la légitimité de notre positionnement face au projet de loi sur le mariage, il me semble que de telles remarques doivent être entendues ; et que l'on gagnerait à s'interroger, au regard de l'Evangile, sur les motivations profondes de nos manières sélectives de nous mobiliser.
Or, la défense de la famille et l'accueil des migrants ne peuvent être dissociés.
Nous souhaitons, à bon droit, promouvoir un modèle familial : « Papa, maman, il n'y a pas mieux pour un enfant ». Sans doute ! Mais accordons-nous suffisamment d'attention à ces migrants, qui sont souvent des familles? Papa, maman, ont pris le risque de tout quitter, avec l'espoir qu'un jour les enfants auraient, sous d'autres cieux, une vie meilleure. Ainsi à Limoges, depuis le début de l'hiver, plusieurs familles venues d'Arménie ou de Géorgie, avec de jeunes enfants, ne pouvant être accueillies par
les services sociaux, ont trouvé refuge dans des paroisses. Si l'Eglise n'a pas vocation à se substituer à l'Etat, elle ne peut ignorer les situations d'urgence.
La communauté chrétienne doit donc à la fois assister ces familles qui manquent souvent du nécessaire, et alerter les pouvoirs publics, au sujet des menaces qui pèsent sur elles. Comment aider efficacement les personnes (en matière de santé, de logement, de scolarisation, de démarches administratives), si elles sont entretenues dans l'instabilité, sans cesse renvoyées d'une structure d'accueil vers une autre ? Les faire durer dans la précarité, c'est les exposer aux dangers de l'exploitation, de la délinquance, de la prostitution.
Les fidèles du Christ n'ont pas d'autre choix que celui de la cohérence entre les principes qu'ils défendent et le témoignage qu'ils expriment. Défendre la famille, cela implique une attention à toutes les familles, en particulier les plus fragiles et les plus démunies.
+ François KALIST Evêque de Limoges