1911-2011 : LA MARTIALE A 100 ANS
19 décembre 2011Petit retour historique sur les cent ans de la Martiale.
Au Sacré-Cœur, le 13 décembre dernier, les Anciens de la MARTIALE fêtaient, dans l’amitié et le souvenir, la création de la MARTIALE , il y a 100 ans. À cette époque, la paroisse, comme toutes les paroisses, résonnait de l’indignation des ecclésiastiques à la suite des mesures qui suivaient la loi de séparation de l’Église et de l’État. Il importait, pour les responsables paroissiaux, de créer des structures -groupes de réflexion, équipes sportives- dans lesquelles les jeunes, apprentis ou autres, se retrouveraient entre eux dans un environnement chrétien. Le siècle fut ensuite marqué, pour faire court, par la 1re Guerre mondiale, par le Front populaire, par la construction dans notre quartier de la « nouvelle » église du Sacré-Cœur –celle que nous connaissons-, par la 2ème Guerre mondiale, par les guerres coloniales, Indochine, Algérie…
Mais que se passait-il au Sacré-Cœur en l’an 1911 ?
Le Bulletin paroissial, en effet, présente ainsi la journée du dimanche 26 novembre 1911 (dans l’ancienne église, située près de l’actuelle place des Carmes) :
« À 6h ., 1re messe et instruction : à 7h., messe basse et instruction ; à 8h., messe des écoles et instruction ; à 9h., messe basse et instruction ; à 10 h., grand messe et prône par M. [l’abbé] ROBERT ; à 11h.1/2, dernière messe et instruction.- Le soir, à 2h., petites vêpres, catéchisme de persévérance et bénédiction; à 4h., vêpres et bénédiction. » On le voit, les dimanches étaient bien remplis : il faut dire que les prêtres étaient beaucoup plus nombreux que de nos jours !
À propos du patronage, créé en 1903, le Bulletin du mois de mai 1911 annonçait : « le Patronage du Sacré-Cœur se propose de donner courant juin une représentation du Mystère de St Martial…La Martiale donnera aussi, paraît-il, une fête au commencement de juillet. » En juin, c’était un constat positif : « Je peux vous annoncer aujourd’hui, Messieurs, que l’enfant (le patronage) a répondu brillamment aux belles espérances que nous avions conçues pour lui (…) formant la réserve de l’avenir ». Et le rédacteur de saluer ensuite le dévouement de tous les responsables, grâce auquel «l’embryon de société de gymnastique de l’année dernière a pu devenir cette fière « Martiale », qui porte si bien son nom, et qui vient d’être affiliée à la Fédération gymnastique et sportive des Patronages de France… »
Le numéro de juillet décrit ainsi la grande manifestation organisée à Limoges le lundi de Pentecôte : « Plus de 120 de nos enfants étaient présents à la messe à Saint-Michel et ont fièrement défilé dans les rues de Limoges, drapeau flottant, tambours battants. Le magnifique cortège, qui comprenait plus d’un millier d’enfants et de jeunes gens, a fait halte devant la maison de Monseigneur(…) Le soir, à Laugerie, il y a eu fête de gymnastique et concours de jeux. Pour la 1ère fois notre Martiale du Sacré-Cœur a paru devant le grand public. Dire qu’elle a fait des merveilles serait exagéré, mais du moins elle n’a pas fait trop mauvaise figure devant les autres sociétés ses sœurs : Les Francs de Saint-Louis et l’Espérance de Saint-Étienne, qui sont de beaucoup plus âgés. On a surtout admiré la pyramide que nos jeunes gymnastes ont parfaitement réussie…»
Quant à la « Fête de Gymnastique et de Jeux », un article en forme de lettre du Bulletin d’août déclare :« Pour une fête réussie, ça a été une fête réussie… Si tu avais vu la Martiale du Sacré-Cœur et l’Espérance de Saint-Étienne formant un contingent d’une cinquantaine de gymnastes, tous fiers, bien cambrés, défilant au son d’une clique extra, drapeaux en tête, tu te serais senti tout ému, bien sûr… Faut-il te décrire les différentes évolutions, te parler des mouvements de boxe et de bâton, je n’en finirais pas. Les jeux, bien réussis et toujours comiques…course à l’écuelle ou course au sac… ont fait la joie des plus petits. Monsieur le Curé du Sacré-Cœur nous a fait un petit discours que tout le monde a bien compris. Il nous a engagé à n’avoir peur de rien. Et, de fait, à ce moment il nous semblait que si les Prussiens s’étaient présentés , ils auraient sûrement été effrayés de notre allure martiale. Le clou de la fête a été les pyramides… »
Satisfaction également exprimée en octobre à l’occasion de la fête de la colonie de vacances d’Étagnac : « Les petits colons ont défilé comme de vrais petits soldats…Saynètes, monologues, morceaux de musique, ont beaucoup diverti l’assistance…Et puis la Martiale du Sacré-Cœur était là. Notre société ne craint plus de se présenter en public. Différents mouvements d’ensemble, des exercices à la barre et des pyramides ont été exécutés…et pas mal du tout. La bénédiction du Saint-Sacrement a terminé cette fête récréative… »
Déjà, donc, la Martiale allait bon vent. La section de basket (dont on sait la longue carrière et la rivalité avec, entre autres, l’équipe de la Saint-Louis de Gonzague) fut fondée bien plus tard, en janvier 1929, année où fut inaugurée aussi l’actuelle salle St Pie X. Quelques mois auparavant, l’Alerte, qui se définissait alors comme « Organe de la Jeunesse Ouvrière de la Paroisse du Sacré-Cœur de Limoges », rapportait dans son numéro d’octobre 1928 : « La Société La Martiale est, par décision de Monsieur le Ministre de la Guerre, agréée sous le n° 12993 comme Société d’éducation physique et de préparation au service militaire. »
« Prussiens », allure martiale », « petits soldats », « service militaire »: on le voit, en 1911 comme en 1928, les préoccupations, éducatives certes, sur le plan physique comme sur le plan spirituel, n’étaient pas uniquement ludiques. Le spectre de la guerre était toujours présent. Et l’on sait quelle part ont prise à chacune d’elles les gars de la Martiale, en leur temps, et quel tribut ils ont payé.
À la fin de la 2ème Guerre mondiale, la Martiale accueillit « Les Rayonnantes », équipe féminine de basket, un peu plus tard doublée d’une équipe de gymnastique. C’était le début d’une ère nouvelle, dans la paix retrouvée, ponctuée par les rencontres, les repas, les voyages, dont tous les Anciens –ils étaient 90 le 13 novembre dernier- ont gardé un excellent souvenir et parlent toujours avec beaucoup d’émotion, tout en regrettant de ne pas voir venir la relève.
J.-L. G.