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« Seigneur, apprends-nous »... à écouter !


 

« Parle Seigneur, ton serviteur écoute ». 1
Et si tendre l'oreille ou entendre se révélait bien insuffisant pour permettre d'écouter... non pas les bruits environnants, le vacarme extérieur, mais la parole du Seigneur ainsi que celle de l'autre.
Écouter l'autre pour tenter d'accueillir sa parole pour ce qu'elle est vraiment, c'est-à dire l'autre tout entier, dans ce qu'il est, dans ce qu'il dit et surtout dans ce qu'il ne dit pas (mais qu'il dépose néanmoins dans le silence de la relation). Il s'agirait alors d'entendre dans l'audible ce qui est inaudible et de décrypter les intentions du cœur.
Exercice habituel, quotidien, banal, bien que périlleux...ou hasardeux. Il ne s'agit pas d'un exercice de style mais un exercice du cœur ! Réussir à se vider de soi-même, à se départir de son brouhaha intérieur, tissé de passions diverses, polluantes et assourdissantes formant un écran à la véritable écoute, à la disponibilité exigeante que celle-ci requiert. Parvenir à être prêt à accueillir en soi la parole reçue, à la laisser se déposer ou s'implanter, sans d'avance préparer une réponse mais se laisser surprendre par ce qui advient.
Et comment ne pas penser à la parole du jeune Salomon : Seigneur ,« Donne-moi un cœur qui écoute ».2
Et c'est alors que le miracle survient, celui qui naît du bonheur d'être accueilli dans ce que l'on est, dans la grandeur et l'unicité de sa subjectivité( de sa personne). Cela permet de dire qu'être écouté fait exister l'autre, dans toute la complexité de son altérité. C'est en quelque sorte permettre de se sentir investi voire aimé et qu'à l'inverse, avoir en face de soi un auditeur « encombré » de lui-même fait vivre la blessure d'être nié dans son existence et son identité. Alors mieux vaudrait pour l'un, se taire et pour le second, se boucher les oreilles …
Le Seigneur ne cesse d'inviter les hommes à L'écouter(« Écoute Israël »3) pour devenir chercheurs de Dieu . Cependant « ils ont des oreilles mais n'entendent pas ». 4
« Mais la parole du Seigneur n'est ni dans l'ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu mais dans le bruissement d'un souffle ténu. »5
On comprend alors que l'écoute de « cette voix de fin silence 6 » nécessite de faire taire en soi et autour de soi tout tohu-bohu et de se mettre à l'affût, tapi dans les recoins de son âme, pour guetter le moindre murmure divin... Il se pourrait que cette pratique de l'écoute nous entraîne dans le silence du désert et nous apprenne à entendre le Seigneur qui vient nous visiter, à condition toutefois d' « écouter avec l'oreille du cœur »...7
Sylvie ONGENAE

Notes
1- 1 S 3,9 / 2-1R3,93- Dt 6,4 / 4- Jr 5, 21 b / 5- Traduction TOB 1R19, 11-12 / 6- Nouvelle Traduction Liturgique 1R19,12 / 7- Message du pape François pour la 56e journée mondiale des communications sociales qui aura lieu le 15 mai 2022.