« Éloge de la lenteur »
Fin XIX°, il fallait près de sept heures pour relier en train Paris à Limoges. On en met deux fois moins aujourd’hui. Certes, c’est 25 minutes de plus qu’en 1973 (contradictions du progrès !) mais tout de même…
Quoi qu’il en soit, notre époque est fascinée, pour ne pas dire façonnée par l’efficacité et le gain de temps. On accélère partout et sur tout. Certainement pour ralentir à l’arrivée ? Eh bien non, pour pouvoir en faire plus ! Souvenez-vous du sketch « Où courent-ils ? » du regretté Raymond Devos : « Qu'est-ce qui fait courir tous ces fous ? – Il me dit : Tout ! Tout ! (…) Mais pourquoi courent-ils si vite ? – Il me dit : Pour gagner du temps ! Comme le temps c'est de l'argent ... plus ils courent vite, plus ils en gagnent ! »
C’est vrai que nous courons plus que jamais et qu’il est difficile de ne pas être dans ce rythme. Ralentir reviendrait à rater le train. Pourtant, notre rythme ordinaire rend certaines journées de travail harassantes et même des vacances bien fatigantes : un comble !
Alors, si nous décidions avec l’Esprit Saint de ralentir cet été ?
Si nous choisissions de faire moins de choses, de parcourir moins de kilomètres, de voir moins de personnes,… ? Ne gagnerions-nous pas en qualité de moments, de prière et en profondeur de relations ? Le mieux serait d’essayer.
« Une sage lenteur a raison de la hâte », disait Théognis de Mégare, un philosophe grec.
N’est-ce pas la philosophie de Jésus ? Il sait être pressé pour certaines choses : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12, 49)… et patient pour d’autres : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter » (Jn 16, 12). Voilà sans doute la sagesse et le secret du bon rythme : discerner en toutes choses là où il y a urgence d’agir… et là où il y a urgence d’attendre.
Que l’Esprit Saint soit de la partie cet été ; qu’Il nous apprenne à ralentir, à apprécier chaque moment, à contempler la création. (Re)découvrons que la grâce du Seigneur n’est plus dans le passé, ni encore dans l’avenir mais bien dans le présent ! Bonnes et saintes vacances !
Abbé David de Lestapis, curé.